"Thérèse de l'Enfant-Jésus ressemble à un homme qui, de toutes ses forces, lutte contre quelque chose : c'est le mensonge. Le mensonge sous toutes les formes qu'il peut revêtir dans le christianisme, celle de l'inauthenticité dissimulée, celle de la demi-authenticité, de la transition où la sainteté et la bigoterie, l'art et le mauvais goût, la véritable impuissance et la faiblesse méprisable forment un noeud inextricable. La vie de Thérèse est une bataille permanente. Elle combat avec le glaive de l'esprit contre le contraire de l'esprit, avec le glaive de la vérité contre les armées opaques du mensonge qui, inquiétantes, indiscernables, toutes proches, la cernent de tous côtés. Avec l'impuissance d'une tendre racine, elle se fraie péniblement un chemin à travers les roches les plus dures et les fait finalement éclater. La vérité est le mot clé de sa vie, et par là celle-ci se place sous le signe de la théologie. Mais c'est la vérité dans cette plénitude, cette force, cette intensité de décision qu'a la parole de la sainte Ecriture : la vérité comme témoignage de toute l'existence ; comme remise de toute la vérité personnelle à la vérité une, unique, de Dieu en nous. La vérité comme obéissance et comme mission."
Extrait de l'introduction de Thérèse de Lisieux, Histoire d'une mission de Hans Urs von Balthasar (Mediaspaul,1997)
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